Laos, novembre 2011. Je parcours le nord du pays avec mon cousin Bastien et son super pote Ulysse. Nous passons quelques jours à Vang Vieng, alors centre névralgique de la fête au Laos. Voici le récit d’un trajet à moto fait à l’est de la ville.
Nous oublions vite l’horrible trajet à la vue des montagnes entourant Vang Vieng: des formations karstiques géantes et terriblement imposantes. Vang Vieng est une ville très touristique: ici on vient pour la fête et le tubing, qui consiste à descendre une rivière sur une chambre à air en s’arrêtant dans divers bars disséminés principalement au début du trajet. La plupart s’arrêtent bien avant la fin et rentre en tuk-tuk. Beaucoup ne prennent même pas de chambre à air. Nous nous installons de l’autre côté de la rivière, au calme, dans une charmante ghesthouse, la Mailyn Ghesthouse. Une chambre triple pour deux euros chacun, un bon restaurant, jardin, vue sur les montagnes, personnel sympathique. Vivement recommandé.
Départ catastrophique
La première journée est épique. Nous louons deux motos. Au programme: une cascade et des grottes. On commence à rouler mais avant même d’avoir quitter la ville Bastien et Ulysse me font signe. Ma roue arrière est voilée. Je retourne au lieu de location situé en face de la ghesthouse en passant par un pont payant pour gagner un peu de temps. La roue n’est pas voilée mais mal serrée. Je change de moto que je ramène après trente mètres. Mauvais freins. On me les serre, ça a l’air ok, sans être exceptionnel. Je sens que quelque chose ne va pas. Je retrouve Bastien et Ulysse et on file à la cascade. La moto donne l’impression d’être prête à s’écrouler d’un instant à l’autre.
On laisse les motos après un pont. Bastien et Ulysse ne le voyant pas, traversent la petite rivière à moto. Ils vacillent mais tiennent. La marche jusqu’à la cascade est jolie. Ulysse et moi s’y baignons un peu, l’eau est glacée. De retour au pont, on décide de filmer les deux space travellers traversant encore une fois la rivière à gué. Ils sont à deux doigts de se péter la gueule mais passent. On repart sur un terrain difficile.
Tout va bien jusqu’à ce que ma moto fasse un horrible bruit et s’arrête. La chaîne est sortie. Je la remet. Ça ne change rien, elle est tordue. Ulysse et Bastien partent chercher de l’aide à Vang Vieng pendant que j’attends bêtement au soleil, entouré de moucherons. Je prends quelques papillons en photo, lis le Lonely Planet. Ils reviennent après peut-être une heure, m’apprennent qu’ils ont crevé peu avant la ghesthouse et qu’ils sont tombés en panne d’essence en revenant avec un réparateur. Ils ont dû parcourir quelques villages isolés pour trouver de l’essence. Le type change une partie de la chaîne avec les moyens du bord. Il remet la chaîne avec un long brin d’herbe. Et c’est reparti. La moto a des à-coups mais roule.
Aidés par des villageois
On se pose un peu plus loin dans un village pour boire un verre. Assis tranquillement à l’extérieur d’une petite épicerie, on s’amuse à prendre en photo une gamine, on savoure l’instant présent et les déboires passés. Des villageois observent la moto de Bastien et Ulysse: li y a une fuite d’essence, le réservoir est déjà presque à sec. Les villageois prennent le temps de la réparer, on leur offre une bière et passe un moment dans l’épicerie avec eux. Certes il ne se passe pas grand-chose dans ce genre de village et une fuite d’essence peut être une source de discussion, l’événement de la journée. N’empêche que les gens ici sont toujours prêts à rendre service, quel que soit le temps que ça leur prend.
On repart. La route est bloquée après quelques kilomètres, on fait demi-tour jusqu’à Vang Vieng pour repartir vers le nord après un passage dans la seule station-service ouverte.
Dans une grotte inondée
Nous voulions visiter trois grottes mais vu l’heure, nous n’avons le temps de n’en voir qu’une seule. La route qui y mène, bien qu’étant une des routes principales du pays, est pleine de trous et dangereuse. On gare nos motos près d’une rivière pour ne pas payer un parking et passons un pont à péage avant d’arriver à la grotte. Ici on paie pour tout et n’importe quoi. Il ne s’agit jamais de grosses sommes d’argent mais ça finit par être énervant. Dans la grotte s’écoule une rivière. Il faut donc la parcourir sur une chambre à air, en suivant une corde. Une lampe frontale est prêtée. Je décide de prendre mon appareil photo que je met avec nos portefeuilles dans mon nouveau sac étanche.
La grotte est géniale. Il fait noir, on n’entend que le clapotis de l’eau. Sur une petite plage de sable où nous laissons les chambres à air, nous “découvrons” même un passage étroit, moins de cinquante centimètres de haut, menant à une petite salle. On se sent comme des aventuriers, parcourant la grotte jusqu’au bout avant de devoir faire demi-tour. Le retour est moins drôle: le sac, mal fermé, a pris l’eau. Tous les portefeuilles et l’argent sont trempés. L’appareil photo ne s’allume plus.
Le retour à Vang Vieng
Il fait déjà nuit et il pleut. Le retour est épouvantable. Nous retrouvons nos motos trempées et roulons doucement dans la boue jusqu’à la route principale. Ma moto n’a pour ainsi dire pas de phare (juste une lueur). Je dois donc rouler derrière Bastien et Ulysse, ce dernier m’indiquant les trous dans la route. Je m’en prends plusieurs, manque de tomber dans un talus en terre au milieu de la route. Sur le pont en bambou allant de Vang Vieng à la ghesthouse, nous manquons un peu d’assurance mais évitons de tomber dans l’eau. A vingt mètres du salut, fatigué, à l’arrêt, je tombe lentement sur le côté gauche, manque de renverser Bastien et Ulysse et pète un rétroviseur. Juste à la fin. Quelle journée.
Au final je ne paie que le rétroviseur, l’équivalent de deux euros cinquante et refuse de payer plus de cinquante centimes pour la chaîne, n’étant pas responsable. Le pire, toutefois, reste mon appareil photo Canon: il ne marche simplement plus.
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