Suite à ma décision de changer de logiciel, j’ai décidé de tester plusieurs logiciels photo pour voir quelle pourrait être la meilleure alternative à Lightroom en 2019, en me basant sur ma pratique et mes besoins.
Introduction
ON1 Photo RAW 2019 (bientôt 2019.5) est un logiciel de catalogage et retouche photo de ON1, petite société américaine qui dit écouter ses clients. Le logiciel est visuellement très proche de Lightroom mais pas en terme de qualité, comme nous allons le voir.
Interface 4/5
L’interface de ON1 est quelque peu originale. On trouve sur sur chaque côté une petite colonne avec des icônes, gauche ce qui concerne la navigation et à droite la retouche. Puis deux colonnes plus larges. Cette fois-ci à gauche la navigation complète et les préréglages, à droite les informations sur la photo ou les réglages de développement, d’export…
Il est possible de cacher les deux plus grosses colonnes pour plus de clarté. L’interface est très agréable une fois ces deux colonnes cachées.
Le logiciel n’est pas proposé en français.
Import et catalogage 3/5
L’importation des photos est complet et simple à prendre en main, semblable à Lightroom. On peut renommer, ajouter des métadonnées ou des préréglages. Il ne semble là aussi pas possible de copier les RAW en DNG.
Comme Alien Skin Exposure, ON1 ne propose pas un réel catalogue, il ne voit que ce qu’on lui donne, les dossiers présents dans le disque interne et les disques externes branchés. On peut juste naviguer dans les différents dossiers. le problème est qu’il crée un petit fichier ON1 pour CHAQUE photo là où Alien ne laisse qu’un sous-dossier.
On peut par contre cataloguer un dossier, ce qui créera un fichier catalogue avec les photos présentes dans ce dossier et ses sous-dossiers. Une sorte de raccourci ou d’album.
On peut comme souvent classer les photos dans des albums et filtrer les images par couleur, note, etc. Et les comparer (de manière horizontale seulement) avec un outil en bas à gauche.
Import Lightroom? Oui, très complet.
Développement RAW 3/5
En basculant sur Editing à droite, on se retrouve avec à gauche une colonne d’outils (text, mask, refine) et à droite des filtres de réglage rangés sous quatre onglets: develop, effects, portrait et local, chaque onglet possédant plusieurs réglages possibles.
Il faut choisir un profil caméra parmi ceux proposés, ceux de ON1 et un des profils provenant de l’appareil photo. On retrouve les préréglages Fuji.
L’onglet “Develop” a peu de réglages, la plupart sont en fait dans “effets”, comme les courbes. Le rendu des images RAW est différent de celui de Lightroom: un peu plus clair, plus plat, plus net. Le logiciel ajoute un gros filtre netteté et aplatit la luminosité. Personnellement, j’ai rien demandé…
On a droit à la tonalité automatique, la reconnaissance des objectifs avec la correction qui convient.
Tests
J’ai choisi trois photos à développer et retoucher de manière différente dans Lightroom puis dans le logiciel testé. Il ne s’agit que de tests évidemment.
- Photo 1: prise avec un Canon 7D, balance des blancs en lumière naturelle, tonalité automatique, courbe contraste forte, clarté +80, vignettage -10, grain à 30-30-80, netteté +25, mélange noir et blanc en automatique.
- Photo 2: prise avec un Canon 7D, lumière naturelle, tonalité automatique puis hautes lumières -100, ombres +100, clarté +30, vibrance +10, netteté +25.
- Photo 3: deux versions pour comparer les préréglages Fuji, une avec la tonalité retouchée, l’autre sans rien d’autre que le préréglage.
Dans chaque logiciel j’ai ensuite recopié les réglages sur chaque photo en utilisant au préalable les réglages automatiques si disponibles et exporté pour l’article en jpeg à 900px en sRVB, en utilisant le logiciel testé.
Photo 1
Je commence par copier les réglages de Lightroom. La netteté fonctionne différemment, le reste est similaire. Mais le rendu est lui complètement différent! Rien à voir avec l’image dans Lightroom. Ici j’ai une image plus claire. Du coup je laisse tomber et utilise la tonalité automatique avec un profil “portrait”. Là le résultat est meilleur.
Pour le noir et blanc il faut basculer en “effects”. Pour le grain sont proposés des préréglages venant des films analogiques.
Comme indiqué plus bas, l’export n’est pas bon. La photo exportée est trop claire! J’ai réessayé avec un autre type d’images, c’est pareil.
Photo 2
Pour la photo couleur, même chose. Les algorithmes de Lightroom et ON1 sont très différents. J’utilise donc plutôt le réglage automatique proposé.
Le rendu est différent, un peu plus contrasté et moins saturé pour ON1. La netteté est identique. L’interprétation des couleurs dans un fichier RAW est donc très différente entre les deux logiciels. Pour être sûr j’ai exporté sans aucun développement l’image. On voit que l’image de ON1 est beaucoup plus claire et le rendu après retouche plus proche du fichier brut que Lightroom qui propose en fait une version proche de celle de ON1 après dévelppement.
Photo 3
Ici le but est juste de voir comment les préreglages Fujifilm sont pris en compte. Je vois déjà que les images provenant d’un appareil Fuji sont vues différemment entre Lightroom et ON1. Les images ON1 sont beaucoup plus nettes (difficiles à voir ici, mais flagrant sur un écran plus grand) et plus claires. Il semble donc que ON1 applique d’entrée certains réglages. Je n’ai malheureusement pas de version jpegs venant directement de l’appareil photo pour comparer. Pour la photo avec réglages j’ai là aussi utilisé la tonalité automatique. Mais pas sur la seconde version, qui paraît pourtant très claire, une image plus plate avec des ombres rehaussées.
Retouche 3/5
On trouve 27 filtres à ajouter dans “effects”. Les outils de retouche sont corrects: retouches locales, masques, HDR, panoramique. Un petit bouton preview en bas est bien pratique.
Mais tout est très lent. A chaque petit bouton enlevé on a droit à un calcul. Pour info j’ai un macbook pro 2015 avec 16Go de RAM sur lequel je fais du montage vidéo 4K sans problème. C’est en partie dû à l’utilisation de la carte graphique mais même si je ne l’utilise plus (changé dans les paramètres) c’est toujours lent.
L’onglet Portrait scanne les visages présents sur lesquels on peut ensuite ajouter des réglages sur la peau, les yeux, les dents. Une fois qu’on appuie sur “portrait” il faut attendre le scan, c’est ennuyeux. Les masques créés ne sont pas parfaits, il vaut mieux les reprendre un peu. Je ne suis pas très convaincu par cet onglet.
Les modes HDR et Panorama sont inclus, comme dans Lightroom.
Il est possible de travailler avec des calques. Les fichiers seront alors sauvegardés en psd.
Créativité 3/5
ON1 propose plusieurs préréglages dont les différents résultats sont visibles dans la colonne de gauche. Ensuite, l’onglet Effects liste toute une panoplie d’effets à ajouter et régler.
Par contre, pour une raison que j’ignore (ordinateur pas assez puissant?), certains effets ne sont visibles que dans la petite fenêtre de navigation, pas sur l’image centrale à moins de revenir en mode browser puis editing.
Export 1/5
Pour exporter, il faut cliquer sur l’icône en bas à droite. Après un moment une interface d’export se présente. Il y a plusieurs options, types d’images.
Dans l’ensemble, c’est bien, si ce n’est que tout est à droite et petit, j’aurais préféré une interface plus centrée, plus claire. L’export est aussi un peu long, mieux vaut éviter les exports de nombreuses images en même temps.
C’est lorsque l’on voit le résultat qu’il y a un problème: l’image exportée est trop claire et ne ressemble plus à celle vue dans le logiciel. Exemple:
Sur un autre test, j’ai un export aux couleurs semblables mais beaucoup moins net et aux ombres encore une fois plus plates. Le logiciel ne paraît donc pas fiable du tout et l’export est beaucoup trop long comparé à Lightroom.
Ce qu’il manque
- Un meilleur export.
- Un moteur plus rapide et moins gourmand.
- Une meilleure organisation des fichiers de réglages.
Prix
ON1 est proposé à 99,99€, avec de fréquentes réductions. C’est un prix correct.
Conclusion 17/30
ON1Photo RAW est un logiciel proche de Lightroom dans son interface. Les utilisateurs d’Adobe sauront vite s’y retrouver à condition de parler anglais. Sur le papier, il paraît même mieux. Tout est là pour le développement RAW, la retouche, il ne manque quasiment rien. Plusieurs outils créatifs et préréglages de qualité sont présents.
Il faut savoir que les rendus des couleurs et l’interprétation des fichiers RAW sont très différents de Lightroom. Les fichiers Fuji sont notamment très nets, plus clairs et plus plats. Idem pour la retouche même, il faudra s’adapter. Ce n’est pas un problème, plus une question de goût. Vous ne travaillerez jamais avec les deux logiciels en même temps de toute façon.
Mais c’est un logiciel lent (mieux vaut un ordinateur puissant avec une grosse carte graphique), bugué, dont l’export n’est pas fiable et qui laisse traîner un fichier par photo. Dommage car sans ça il serait bien mieux noté.
De plus, en à peine quelques recherches, je trouve beaucoup trop d’utilisateurs mécontents rapportant des problèmes similaires à ceux que j’ai expérimenté.
Vais-je l’utiliser? Non, jamais.
Laisser un commentaire