Depuis quelques années à peine, un circuit à moto dans le centre du Laos fait fureur auprès des voyageurs: « The Thakhek Loop ». Au départ de Thakhek, à cinq heures au sud de Vientiane, la boucle de 3-4 jours passe par divers paysages, villages, grottes et cascades.
Lors de mon second voyage au Laos, j’ai donc testé cette « loop ». Il faut dire que je suis fan des trajets à moto, même si je n’ai pas mon permis. Une moto permet de couvrir plus de distance qu’un vélo tout en évitant d’être soumis aux horaires de bus et autres tours organisés. Et puis une moto, c’est ce sentiment de liberté mélangé au danger visible, c’est conduire avec son corps, c’est ne faire qu’un avec la route…
Jour 1, le départ de la Thakhek Loop
Après une bonne nuit au Thakhek Travel Lodge, mon amie Lilo, jeune pâtissière allemande rencontrée à Vang Vieng, et moi prenons un tuk-tuk pour louer nos bécanes chez Wang Wang, un loueur à la réputation correcte et aux prix plus intéressants que certains loueurs dans la ville qui cherchent à maximiser les profits. Pour 60000 kips par jour, soit environ 7 euros, on a chacun droit à une Honda Wave, LA moto semi-automatique en Asie, celle que tout voyageur se doit de conduire au moins une fois dans sa vie. Une moto légère qui s’apprivoise vite. On nous donne une carte, simple dessin photocopié avec quelques infos intéressantes. Nous achetons un masque (pour la poussière et le froid), choisissons un casque, le mien n’étant pas vraiment au mieux de sa forme, mais ça devrait aller.
Nous partons à dix heures tapantes avec une jeune voyageuse néerlandaise, Manuk. Quelques autres voyageurs sont aussi de la partie, voyageurs que nous laissons aller voir une énième grotte pour filer tous les trois au lac Thafalang, magnifique et vert, perdu au milieu de la végétation luxuriante et des montagnes karstiques qui suivent notre route ces premières heures. Il faut dire que les paysages sur la Thakhek Loop sont à couper le souffle, si on excepte les quelques usines et les nombreux camions allant au ou venant du Vietnam et les quelques chauffeurs fous à l’intérieur.
Le lac est très agréable et j’en profite pour me baigner et nager un peu. Lors d’un voyage à moto les moments pour se dégourdir les jambes et faire un peu de sport sont rares. Personne ne souhaite finir la journée en roulant de nuit, on évite de traîner trop longtemps…
On s’arrête à nouveau un peu plus loin, dans un petit restaurant au bord de la route. Personne ne parle anglais ici, on arrive tant bien que mal à commander un « fried rice with vegetables » même si je soupçonne voir de petits morceaux de poulet dans mon assiette (ou du jackfruit?). Parfois, même les gestes ne suffisent pas, il faut savoir accepter que communiquer ne veut pas dire comprendre.
Le reste de la journée nous roulons au milieu des montagnes, sur une belle route en lacets qui permet de s’amuser un peu dans les virages malgré quelques gouttes de pluie. Rouler tout droit c’est ennuyant, toute personne ayant fait un road-trip aux Etats-Unis le sait.
Sur notre droite: un nouveau lac dû à une inondation, d’où dépassent certains arbres nus; sur notre gauche, une jungle luxuriante et sauvage. Au milieu, la route, cette amie de quelques jours qui va nous emmener voir quelques merveilles laotiennes, dont la grotte la plus célèbre du pays, Kong Lor.
On arrive fatigués à la Sabaidee Ghesthouse à Tha Lang, notre premier stop sur la Thakhek Loop. Je ressens un petit mal de tête. La journée est vite passée. Il est temps de se reposer un peu, de prendre une douche froide, d’écrire, vérifier les photos et vidéos du jour.
Le soir, au coin du feu, on se raconte des histoires de voyage, on boit et mange, avec du reggae en fond. On ne parle pas de la journée du lendemain même si elle est déjà bien présente dans les esprits.
Jour 2, en route vers Kong Lor
Dès 8h30 on est à nouveau sur la route, entouré par de nombreuses zones inondées tout droit sorties d’un film post-apocalyptique. Aujourd’hui, il fait froid et le vent se fait assez violent. C’est la journée la plus longue avec environ 150 km. La route, récente, est bonne. On avance assez vite. Le froid me maintient éveillé, je reste concentré.
Un peu plus au nord les paysages changent: des plaines entourées de montagnes fièrement dressées. On s’arrête aux « cool springs », un joli bassin naturel à l’eau verte. Mais le temps ne se prête pas à la baignade. Un peu plus loin, après une belle route de montagne, on s’arrête déjeuner à Ban Khounkeo. On a froid, faim. La fatigue se fait sentir.
Pour atteindre Kong Lor au sud, nous avons environ 40km de « bumpy road ». Mais les informations parfois circulent mal et lentement: la route se révèle en fait très bonne si on omet les quelques trous et passages détruits. C’est même une des plus belles routes que j’ai pu voir au Laos: nous roulons dans un long couloir aride parsemé de petits villages, entourés de chaque côté par des montagnes hautes et sombres. « La petite maison dans la prairie » encerclé par le Mordor. Incroyable. Il m’arrive de me prendre quelques trous, l’esprit tourné vers les sommets dressés autour de moi.
On arrive finalement plus tôt que prévu à Kong Lor où nous trouvons un « homestay », logement chez l’habitant. Il y en a plusieurs dans le village et chacun propose la nuit, le dîner et le petit-déjeuner pour 50000 kips tout compris. Nous en choisissons un et partons explorer le village avant la tombée de la nuit. C’est un joli village au bord d’une rivière en contrebas. Les habitants sourient, les « sabaidee » des enfants accompagnés de signes de la main résonnent.
La nuit tombée, nous dînons. Essentiellement du riz: du riz gluant et du riz à la vapeur. Une quantité phénoménale de riz. Quelques légumes verts que je n’identifie pas. C’est simple mais c’est justement le but de loger chez l’habitant: manger ce que les locaux mangent plutôt qu’un énième « fried rice with vegetables ».
Après dîner, la famille qui nous accueille se joint à nous. Ils sont deux parents, une jeune femme avec un bébé et sa sœur de 11 ans. Ils ne parlent pas plus anglais que nous laotien. Je sors mon ordinateur et mes photos ont un petit succès. Quelque chose à toujours avoir sur soi en voyage: des photos de sa famille, de sa maison, son quartier, ses amis. Je n’ai pas tout ça mais les photos de mon voyage plaisent, surtout celles ayant attrait au bouddhisme.
Il n’est pas huit heures mais la fatigue se fait sentir. Le temps ne passe pas de la même façon ici. On ressent la lourdeur de la soirée, moment souvent passé en famille au coin du feu plutôt que devant la télé. Un moment de calme qui permet de laisser le sommeil venir. Il arrive en courant.
Jour 3, visite de la grotte de Kong Lor
Bien avant l’heure de se lever, nous avons droit à un concert gratuit, celui des animaux dehors: les coqs, les chiens, même les vaches, tous les animaux réveillent le village. Mon appartement à Paris était bien plus calme.
Le petit-déjeuner est composé de quelques bananes miniatures, de légumes verts et de beaucoup de riz frit, ainsi que de riz gluant. J’ai l’impression que le riz gluant au Laos a le même rôle que le pain en France: il accompagne un peu tout, même si le pat principal est déjà composé de riz.
Le père de famille noue des bracelets blancs autour de nos poignets en récitant une petite prière qui semble vouloir dire « bonne route! ».
Au moment de partir nous remarquons le pneu crevé à l’arrière de la moto conduite par Lilo. Je pousse la machine jusqu’à la route principale où se trouve un réparateur, conduit par les gamins du village qui me montrent la bonne direction. La réparation est plutôt rapide et ne coûte que 30000 kips.
Manouk, Lilo et moi visitons ensuite la fameuse grotte de Kong Lor, plus grande grotte du pays, que traverse une rivière de plusieurs kilomètres. Le plafond est particulièrement imposant. Je l’estime à cinquante mètres parfois. La visite est un peu longue et monotone, on n’y voit pas grand-chose et il y a peu à voir de toute façon. Mais le lieu est impressionnant et mérite une visite.
On sort peu avant onze heures. Manouk rentre sur Thakhek. Lilo et moi retournons à Ban Khounkeo. Quarante kilomètres de froid, de vent. On roule vite, tétanisés par le froid et poussés par l’envie de prendre un bon repas chaud.
Nous prenons une belle chambre, chaude et confortable, à la Xokxaykham Ghesthouse Et y mangeons. Le reste de l’après-midi et de la soirée est passé à faire la sieste et à traîner sur internet. Dehors, il pleut et il fait froid, pas question d’aller explorer le village.
JOUR 4, le retour
Levés à 6h30, nous partons avant 7h. Environ 150 kilomètres jusqu’à Thakhek dans le froid matinal (j’ai prêté ma polaire à Lilo), en roulant assez vite (souvent 60km/h) pour arriver sain et sauf chez Wang Wang Rentals.
La Thakhek Loop est finie. Il nous faudra une soupe de nouilles bien chaude pour retrouver un peu de vie et se préparer à partir pour le sud. Une autre aventure nous y attend, dans le plateau des Bolaven.
Conseils pour faire la Thakhek Loop en moto
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