Début 2012, mon voyage de 4 mois en Asie du Sud-Est prend fin. Après deux mois en Indonésie, j’ai voyagé avec mon cousin Bastien et son pote Ulysse en Thaïlande, au Laos et au Vietnam. Bastien et moi avons décidé de passer une semaine au WFFT en Thaïlande. WFFT pour Wildlife Friends Foundation of Thailand, un centre qui sauve des animaux achetés la plupart du temps inégalement comme animaux de compagnie et maltraités. Les animaux sont donc presque tous en cage, malheureusement, ou entourés de clôture, mais vivent mieux qu’auparavant et entre eux.
Bastien et moi passons avant deux jours à Bangkok sympathiques. Nous logeons chez des couchsurfers géniaux rencontrés lors de mon premier séjour ici, Irvine et Wat. Ils ont un superbe appartement en haut d’une tour au sud de la ville. On peut enfin laver du linge à la machine. Et surtout on se sent « chez nous ».
Ils s’absentent pendant la soirée. Nous la passons une énième fois à Siam Square pour voir le dernier Fincher. On file dans un taxi et on rentre “chez nous”. Cela peut paraître ridicule, mais il est bon se sentir dans un espace privé et confortable! Nous matons un vieux Cronenberg, affalés sur le canapé, avec vue sur les gratte-ciel de Bangkok, en mangeant. Génial. Une sensation que Bastien n’a pas connu depuis plusieurs mois déjà.
Le lendemain nous prenons un minibus pour Cha’am, dans le sud. On s’y pose dans un cyber café le temps qu’on vienne nous chercher. Un taxi nous emmène jusqu’au site du WFFT. On est accueilli par une française qui nous fait visiter. On trouve ici des éléphants, un tigre, beaucoup de macaques et de gibbons, des ours, divers nocturnes et reptiles dont un crocodile, pas mal d’oiseau (un perroquet qui parle, super flippant), et beaucoup de chiens qui se baladent librement en bande et qui passent la nuit à hurler bêtement. Bastien et moi avons notre propre chambre. On fait connaissance avec les autres volontaires: pas mal d’australiens, des français, une anglaise, un suédois. Certains restent ici plusieurs semaines ou mois, d’autres, comme nous juste une ou deux semaines. L’endroit est assez isolé, il n’y a qu’un marché au centre du village deux fois par semaine (le vendeur de donuts se fait un fric monstre avec les volontaires), un temple, un terrain de foot, un lac avec des îlots pour les gibbons bientôt remis en liberté.
Le travail est difficile et plus laborieux qu’à l’Elephant Nature Park. On se lève à 6h. Bastien, toujours à traîner au lit depuis deux mois, est le premier debout. Quand il faut bosser, même pour rien, il est le premier levé. On prépare et distribue le premier repas des animaux avant de prendre notre petit-déjeuner, on repart nettoyer les piscines, ou distribue de l’eau. Après déjeuner, rebelote on prépare à manger et on distribue pour finir en fin d’après-midi.
Je m’occupe beaucoup des nocturnes et des ours, mais aussi de macaques et gibbons. Les nocturnes et les ours sont les premiers dont je m’occupe. Il y a parmi les nocturnes des civettes (qui mordent; une civette aveugle m’a mordu la chaussure), des loris (de petites boules de poils que j’ai toujours vu dormir, sauf une fois), et un animal dont je n’ai jamais entendu parler, le binturong. Un gros animal poilu et pataud quelque part entre le chien et l’ours. Adorable!
Les ours sont assez marrants quand il s’agit de leur donner à manger. Il faut tout d’abord les faire passer de leur enclos à leur “maison”, histoire de pouvoir nettoyer l’enclos et déposer la nourriture un peu partout. On pourrait penser que c’est une tâche ardue mais en nous voyant arriver ils cavalent comme des dingues dans leur espace fermé en échange d’un épis de maïs. On ferme, on entre dans l’enclos, on bosse et on les laisse sortir pour pouvoir tranquillement laver leur espace et changer l’eau. J’ai le malheur une fois, étant un moment seul, de ne pas arriver à fermer l’espace. Deux ours, debout derrière les barreaux, grognent pour que je leur donne le maïs. Ils s’agitent, je galère et file un épis de maïs à un ours, ou plutôt il me le chope des mains avec ses griffes acérés pour courir ensuite dans l’enclos. Il me faut ensuite attendre qu’il aie fini et qu’il revienne pour fermer.
L’après-midi il faut aussi aller dans une autre partie du centre en voiture où vivent d’autres ours et un nocturne absolument magnifique, le chat léopard. Il faut nettoyer la cage de ces gros chats mais chaque fois je ressors sans les avoir vu, sauf le dernier jour, où j’en ai vu plusieurs (il était un peu plus tard et ils étaient déjà réveillés). Wahouh!
Je m’occupe aussi un peu des macaques et des gibbons. Je suis absolument fan des gibbons: des bras immenses (dont beaucoup se souviennent, certains ayant tendance à tirer à eux tout ce qu’ils peuvent, cheveux compris), un visage expressif et beau, et surtout un cri qui tient plus du chant d’une sirène. Et ils chantent beaucoup!!! Par contre les macaques, c’est autre chose. Ils ont beau avoir beaucoup souffert (il manque un œil à l’un, un autre n’a plus de jambe et un seul bras), ceux qui vivent en cage (beaucoup vivent dans des grands enclos), peu sociables, sont de vrais abrutis d’une méchanceté absolue. Ente eux, et avec nous. Ça se joue au physique. Ils aiment pas ta gueule, ils vont te le faire sentir dès qu’ils peuvent. Même quand on leur donne à manger ils arrivent à être désagréable. Et certains sont loin d’être bêtes, ils reconnaissent les nouveaux et les font souffrir ou tentent de les arnaquer! Mais il ne faut pas oublier à quel point ils ont souffert.
Comme le seul tigre du lieu, là depuis le début, retrouvé par le fondateur hollandais du parc attaché par le cou devant une station service. Depuis il a de graves problèmes cérébraux. Peu de temps avant notre arrivée il a passé un IRM à Bangkok (une première). Pendant la semaine où nous sommes présents, il passe son temps couché, ne pouvant plus vraiment se lever. Seul moment intéressant de ses journées, le bain dans le lac devant les regards ébahis des volontaires et des gibbons des îles. Il faut dire que voir quatre thaïs aider un tigre à nager est quelque chose d’assez surprenant. Le tigre reste superbe, et n’ayant jamais connu la liberté, ressemble plus à un gros matou.
Quant aux éléphants, Bastien passe une journée à s’occuper d’eux et il en sort transformé. Et oui, je le sais bien, le contact avec des animaux intelligents et sages est un moment extraordinaire. Trois vieilles éléphantes vivent là (dont une ancienne star de cinéma). L’une d’elles, trop vieille, n’est plus capable de se relever si elle se couche. Alors elle vit toujours debout, et une fois par mois environ, s’écroule de fatigue. Il faut alors une grue pour la remettre sur ses pattes.
Quand on ne travaille pas, on discute entre volontaires, on participe aux matchs de football. On passe aussi une soirée dans un parc du coin où vivent des éléphants sauvages qui se baladent au bord des routes avant d’aller manger dans un restaurant. Et je me fais soigner des égratignures à une jambe, qui à cause de l’humidité, ne guérissent plus depuis quelques temps et me font mal.
Au final, même si cela ne vaut pas l’Eléphant Nature Park, cette semaine au WFFT au contact de tous ces animaux m’a beaucoup appris. Et voir ce qu’il s’est passé quelques semaines plus tard m’a beaucoup attristé et révolté (plein d’infos en ligne).
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