Avant
En novembre 2011, je passais cinq jours à Vang Vieng avec mon cousin Bastien et son pote Ulysse. Vang Vieng était alors LE lieu où faire la fête en Asie-du-Sud-Est: fêtes en journée, bonne ambiance, convivialité. L’activité n°1, ou plutôt l’excuse première, était de descendre la rivière sur une bouée (tubing) et de s’arrêter aux quelques bars sur les berges. La plupart des gens finissaient par ne même plus louer de bouée et passaient de bar en bar à la nage en suivant le son des baffles.
Les fêtes se passant relativement loin de Vang Vieng, la ville était peu touchée. Y traînaient le soir les plus tenaces, ce qui avaient besoin d’une after. Les commerces marchaient bien. J’y ressentais une atmosphère de far-west, avec ses rues en terre, ses locaux aux regards suspicieux, son silence. Nous, on passait une soirée tranquille, histoire de profiter de la journée suivante. Alors oui, de la drogue circulait, oui il y avait des dégâts (je me rappelle d’un type qui était tombé d’un tuk-tuk, il avait tout un côté rouge et râpé)… Mais on était loin des fêtes de pleine lune thaïlandaises et j’avoue avoir passé d’excellents moments, n’étant pourtant pas très fêtard.
L’écotourisme
En 2012, quelques personnes sont décédées suite à une mauvaise drogue et sous la pression du gouvernement australien, le gouvernement laotien a fermé les bars qui n’avaient pas de licence.
Les temps durs sont vite passés et la musique et les seaux d’alcool ont laissé la place à l’écotourisme: kayaking, tubing (sans alcool), ziplines… Une bonne idée, tant la région se prête à ce type d’acitivités!
Aujourd’hui, le tourisme de masse
Cinq ans plus tard je suis de retour au Laos et je me retrouve dans la même ghesthouse, un des seuls points de repère qu’il me reste (avec le pont en bambou). La ville a bien changé. Les hôtels gigantesques se construisent. Il y a moins de bars et plus de salons de massage. La côte ouest de la rivière, autrefois vide, est maintenant occupée par de petits restaurants qui proposent de boire et manger les pieds dans la rivière; juste derrière se tiennent de luxueux cabanes sur pilotis. Les motos passent et repassent, parfois je vois une voiture se faire laver dans la rivière. Il y a beaucoup de touristes asiatiques de 40-60 ans. Des « packaged tourists » évidemment.
Autour de Vang Vieng
Sur la route circulaire à l’ouest de la ville, autrefois empruntée à moto par les rares voyageurs intéressés par autre chose que la musique bruyante, les gros 4×4 et les buggies roulent à toute allure, au milieu des nombreux touristes à moto. A l’intérieur, seulement des chinois, qui viennent en masse en Asie-du-Sud-Est depuis peu.
Le Blue Lagoon, autrefois coin de rivière perdu où quelques personnes, essentiellement des locaux, se baignaient tranquillement, est devenu un véritable club de vacances envahi de touristes avec de nombreux restaurants, un immense parking, une zipline et des gilets de sauvetage. Le concept a fait des petits, il y a maintenant trois “blue lagoons” autour de Vang Vieng.
Vang Vieng est en train de devenir une station de vacances de luxe pour touristes chinois (ainsi que coréens et thaïs, en moins grande quantité tout de même). Les chinois semblent devoir se sentir comme à la maison histoire de s’amuser à fond avant de rentrer, du coup les investisseurs étrangers sont arrivés et détruisent tout. Cela changera peut-être avec le temps, mais d’ici là les dégâts seront faits. Le tourisme s’est adapté à eux, les prix des activités ont augmentés, ne laissant plus grand-chose aux backpackers. Vang Vieng est en train de devenir un Courchevel chinois.
C’était mieux avant…
Alors à comparer Vang Vieng avant et après, je ne peux qu’être d’une banalité propre à mon âge en disant « Vang Vieng, c’était mieux avant ».
Heureusement, les paysages magiques entourant Vang Vieng sont toujours là, et pour longtemps. Ils restent la principale attraction du coin et méritent de passer au moins deux jours à découvrir les villages alentours, les nombreuses grottes, les jolis points de vue.
Backpackers, foncez-y avant que Vang Vieng ne se transforme complètement en club Med pour asiatiques.
susti dit
Avant c’étaient des blaireaux jeunes.
Maint’nant c’est des blaireux de tous âges.
C’était mieux avant ?
Vincent Galiano dit
Ayant été un blaireau jeune, oui complètement. Les fêtes n’avaient pas lieu en ville mais beaucoup plus loin et elles étaient bonne enfant, quoi qu’on en dise aujourd’hui. Rien à voir avec les horribles full moon parties en Thaïlande. Les jeunes s’amusaient mais respectaient beaucoup plus les locaux. Il y avait genre deux bars d’ouverts en ville le soir, comme aujourd’hui. La ville était beaucoup plus authentique. Aujourd’hui les immenses hôtels de luxe bouchent la vue et le moindre coin de terre a ses bungalows. L’attrait de la ville ne profite plus à la population, ce ne sont pas eux qui sont engagés dans les hôtels. Le patron de la Maylin, bien vieux, est d’ailleurs assez clair là-dessus.