Voilà une forme d’articles que j’essayai pour la première fois lors d’un voyage en Serbie en mai dernier: une série de notes simples inspirées par « Géographie de l’instant » de Sylvain Tesson. J’étais en rodage écriture et photo…
Arrivée en Serbie
Passage de la frontière hongro-serbe au milieu de la nuit, en train. L’agent serbe, obsédé par son travail pourri (trouver des immigrés clandestins) ne me reconnaît pas sur la photo. Il passe dix minutes sur moi, me prend apparemment pour un azerbaïdjanais, cherche un collègue, puis un type étrange avec un long manteau. Celui-ci me scrute, regarde mon passeport, me demande en français si c’est bien moi sur la photo, oui bien sûr. On me laisse enfin tranquille. Je discute plus tard avec un gentil serbe (un professeur je crois, mais aussi étudiant? J’ai pas tout compris, il était genre 6h du matin) qui m’accompagne un moment en sortant de la gare de Novi Sad.
Novi Sad
La Serbie est un pays de contraste et Novi Sad, seconde ville de Serbie, calme mais dynamique et jeune, en est un premier exemple frappant. Les forêts poussent à côté des tours de béton, le chant des oiseaux surgit entre deux voitures lancées à vive allure, les bâtiments abandonnés côtoient les nouvelles villas. Les serbes sont calmes mais peu enclins aux sourires. Et surprennent en engageant soudainement la conversation.
La ville est surtout connue pour son grand festival estival, EXIT. Tout le monde m’en parle ici! La fierté de la ville en quelque sorte. C’est une ville très étudiante, qui bouge beaucoup malgré ses airs de petite ville de campagne. Le centre-ville est piéton et plutôt mignon. Des maisons colorées, de jolies églises. Les soirées y sont agréables. De l’autre côté du Danube, la forteresse de Petrovaradin, assez simple mais imposante, en hauteur, appelée ici le Gibraltar du Danube. Oui, pourquoi pas… La ville est surtout intéressante pour ses nombreux villages à proximité, enfouis dans la forêt. Il suffit déjà de traverser un long pont pour se retrouver dans un grand parc. Ça fait du bien! Il y a plusieurs villages qu’on peut atteindre en bus, malheureusement je ne savais pas et n’avais pas prévu assez de temps.
Je reste au City Hostel, une petite maison charmante au personnel jeune, accueillant et sympathique. Les serbes sont des gros mangeurs de viande mais heureusement je trouve à Novi Sad un bon restaurant vegan, Ananda.
Les serbes
Ils sont blancs, grands et beaux, minces et musclés; le regard droit, le sourire rare. Je les sens assez timides, réservés, voire suspicieux pour les plus âgés. Certains peuvent se montrer terriblement froids et impolis, comme lorsque demandant une carte dans un hostel, une femme m’envoie violemment chier, d’autres chaleureux et généreux, comme lorsque je suis accueilli au Madness Hostel par Srdjan, le propriétaire du plus vieux hostel de la ville, comme un vieil ami enfin retrouvé. Ils ne connaissent pas l’écologie et se foutent de leur santé. La majorité fume et mange une grosse quantité de viande, ne trie pas les déchets, jetés n’importe où. Ils vivent exactement comme on imagine vivre un peuple d’après-guerre, dans l’instant. Il est tout de même plaisant de voir que les serbes passent leur temps dehors à faire du sport plutôt que devant des jeux vidéo ou internet. Course à pied, basket, tennis, football, musculation, vélo… Et ça se voit, car tous sont minces et sveltes. Près d’eux, les grands-parents promènent les petits enfants qui courent après des ballons. Certaines personnes promènent leur chien. Lorsqu’il fait beau et chaud, tout le monde en profite!
Les femmes
Les femmes serbes sont magnifiques. Toutes. Au point de se demander si une manipulation génétique a été réalisée pendant la guerre. Certes il y a de jolies femmes partout, mais les femmes serbes jouent dans une catégorie supérieure. Disons simplement que les plus belles femmes de Paris rivaliseraient à peine avec les serbes les plus quelconques. Après discussion, la seule explication plausible fut apporté par le type qui m’a pris en stop pour m’emmener en Roumanie: la mixité génétique avec les voisins bosniaques, croates, conséquence de la création de la Yougoslavie en 1918.
Photographie
Ben qu’ayant commencé à sortir un Fuji X-10 peu apprécié, je préfère pour le moment observer, prendre des photos mentales, qui disparaîtront avec le temps. Je ne me précipite pas, laisse la photo venir à moi. J’avoue n’avoir que rarement été attiré photographiquement par une ville… Au final, juste quelques photos de graffitis et d’immeubles.
Belgrade
Comment décrire Belgrade? Le coup de foudre est ici improbable. Cette ville est un horrible amas de béton et de ruines traversé par certaines des plus belles femmes sur Terre (et hommes aussi j’imagine mais je m’en fous un peu). Tout semble prêt à s’effondrer. Le waterfront est en reconstruction, mais par (et pour) de riches étrangers venant du Moyen-Orient. Le parc de Kalemegdan et sa forteresse, centre historique de la ville, est un endroit de vie particulièrement vivant. Tout s’y passe: des matchs de basket ou de tennis, des concerts, tout type d’évènement culturel. On y vient pour le calme, la vue.
Quant à Novi Beograd de l’autre côté de la rivière, c’est encore pire: des immeubles modernes d’un côté, des terrains abandonnés d’un autre, des parkings partout, quelques tours de béton monstrueuses au loin. Un joli lac au sud, où viennent se baigner les habitants lorsqu’il fait beau. Des marais remplis de plastiques où vivent d’étranges vieux bonshommes dans des cabanes en bois. J’y trouve quand même un charmant petit bar à jus offrant diverses pâtisseries crues et veganes, Zdravo Zivo. Et c’est quand on revient de Novi Beograd qu’on découvre le charme de la vieille ville. Charme discret, certes, mais qu’on trouve après quelques heures de marche, ou un free walking tour qui nous en apprend un peu sur l’histoire de la ville, ses petites ruelles, ses églises, ses vieilles maisons. Un quartier est particulièrement attrayant, bien que forcément très touristique: le quartier bohème, sorte de Montmartre serbe, où les musiciens jouent des airs tout droit sortis du folklore serbe ou d’un film d’Emir Kustirica pendant que les touristes boivent une bière en terrasse.
On trouve facilement des glaces veganes à Belgrade! Ça s’appelle Icebox et ils sont présents un peu partout dans le centre. La moitié des parfums est vegane, dont chocolat noire, meilleure glace au chocolat que j’ai mangée. Un autre petit restaurant intéressant et 100% vegan: Mumbai. Mieux vaut y aller pour midi, ça ferme tôt et il n’y a plus grand-chose en fin d’après-midi.
Les parcs
Il n’y a qu’en voyage que je passe autant de temps dans les parcs. J’observe, j’écoute. Je me sens presque invisible, au milieu des locaux. Les gens lisent, promènent leur chien ou leurs enfants, discutent, se disputent. C’est aussi un moment où je repose mes pieds et mes épaules.
Apéro et street art à Belgrade
Avant-dernier jour à Belgrade, Madness Hostel, petit-déjeuner à la rakija, alcool fort à base de fruits, avec Srdjan et trois canadiens. Ils partent vite, restent Srdjan et moi. On enchaîne la bouteille, la jeune femme de ménage (une étudiante) passe, je sors acheter une seconde bouteille (avec l’argent de Srdjan). On discute sérieusement, on parle de tout et de n’importe quoi, on rit. Il est déjà 16h quand je sors pour un « free walking tour » alternatif et fort intéressant. J’y découvre un autre visage de Belgrade: le street art local très présent, les lieux alternatifs et originaux, dont en fin de journée une vieille usine abandonnée et transformée en immense centre artistique passionnant accueillant chaque année un grand festival d’art et de musique, le DEV9T Festival.
Vers la frontière
En traversant le pays en bus vers Vrac (pour aller ensuite en Roumanie), je vois les immenses villas neuves côtoyer de vieilles fermes abandonnées. Certains villages semblent vides. On sent la guerre encore proche… A Vrac, je tente de prendre un train pour Timisoara. Chose rare: la gare n’est pas à côté de la gare routière. Mais à l’opposé, à l’entrée de la ville. Je traverse la ville en courant, en demandant mon chemin quand je peux. Le prochain train est dans plusieurs heures. Je me balade un peu en ville et reprend le stop. Je suis finalement pris après une attente un peu longue par un chauffeur un peu bourru mais sympathique allant chercher des touristes à l’aéroport de Timisoara.
Je n’ai malheureusement rien vu d’autre lors de mon voyage en Serbie, n’étant resté seulement une semaine. J’aurai aimé avoir le temps de voir Novi Pazar, Nis, Subotica, Zlatibor. La nature n’est pas aussi impressionnante que dans les pays voisins, mais elle reste toujours présente et proche où que l’on soit. C’est un pays en reconstruction, qui s’ouvre doucement aux étrangers. Un pays de contrastes, qui peut charmer ou déplaire mais qui ne laisse pas indifférent.
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