Présentation
Capitale de la Bosnie-Herzégovine, Sarajevo était pour moi jusqu’alors un mot répété régulièrement au journal télévisé pendant ma jeunesse. Tellement qu’il en a gagné une forme de magie, comme Tombouctou ou Katmandou, mais pour de mauvaises raisons. Quatre ans de siège au début des années 90, des milliers de morts. Quatre ans à passer une grande partie du temps dans la cave, quatre ans à devoir aller chercher l’eau à une source en évitant les snipers, quatre ans avec des coupures d’électricité régulières, quatre ans à se faire bombarder tous les jours, dans les 350 obus par jour environ.
Quatre d’ans d’enfer dont les survivants arpentent toujours les rues de Sarajevo aujourd’hui. Les résistants sont devenus vieux, les gamins qui inventaient des jeux et allaient à l’école une fois par semaine sont devenus adultes. Dans toute la ville, le siège est encore présent visuellement, au sol et sur les murs. Au 20ème siècle, la guerre en Europe a commencé puis a fini à Sarajevo (pour rappel, c’est à Sarajevo que l’archiduc François-Ferdinand a été assassiné, déclenchant la Première Guerre Mondiale).
Mais Sarajevo, c’est aussi une ville cosmopolite entre Europe et Moyen-Orient, à majorité musulmane, dont l’histoire remonte à bien plus loin que les atrocités du 20ème siècle. C’est une ville aux habitants charmants et drôles, une ville qui bouge et se réinvente sans cesse. Si vous cherchez une destination à visiter en Europe en 2020, allez à Sarajevo. Le tourisme est assez développé mais c’est pas encore non plus comme le reste des pays d’ex-Yougoslavie comme la Croatie (Dubrovnik, Zagreb, Split) ou le Monténégro par exemple.
Que faire à Sarajevo?
Les tours gratuits
Plusieurs compagnies proposent des free walking tours à Sarajevo. J’ai fait les deux tours conseillés par l’hostel Kucha où je dormais. Le nom m’échappe, mais le rendez-vous était pour chacun des tours gratuits au théâtre national. Un tour global sur l’histoire de la ville et du pays avait lieu le matin. L’après-midi, le tour était consacré au siège et à la guerre.
Les deux étaient non seulement intéressants mais donnés par des gens drôles, qui connaissaient leur sujet, savaient rendre leurs explications passionnantes et n’hésitaient pas à mêler l’Histoire et leur histoire, les deux personnes ayant vécu le siège enfant. Entendre une femme d’une trentaine d’années expliquer comment elle évitait les sniper en allant chercher de l’eau, en riant, est bien étrange. On oublie facilement à quel point notre vie en France était facile dans les années 80-90 (et depuis). Le tour du matin est un des 2-3 meilleurs free tours que j’ai fait dans ma vie.
Les musées
S’il on trouve plusieurs musées à Sarajevo, deux me paraissent vraiment indispensables, tant ils sont uniques et racontent la ville et le pays.
- The War Childhood Museum, 30-32, Logavina
Ce musée similaire au Broken Relationships museum à Zagreb donne la parole à ceux qui ont vécu la guerre (de Bosnie mais pas seulement) durant leur enfance. Des objets accompagnent de courts textes qui permettent de s’imaginer comment un enfant de 8 ou 10 ans vit la guerre au quotidien. C’est un musée passionnant, parfois drôle, parfois triste, dont on ne sort pas indemne.
- Gallery 11/07/95, Trg Fra Grge Martića 2
Gallery 11/07/95 est une exposition de photographies, films et témoignages vidéo sur le massacre de Srebrenica. La galerie a été créé par le photographe Tarik Samarah. Son travail est d’une très grande qualité et raconte avec beaucoup d’intelligence et d’émotion tous les évènements qui se sont déroulés après le massacre. Les films sont aussi importants à voir, notamment Miss Sarajevo, tourné pendant le siège de Sarajevo. Quant aux témoignages des survivants du massacre, même si c’est difficile, essayez d’une voir au moins un entièrement (ils sont assez longs). Je conseille vivement de prendre l’audio-guide sans quoi vous passerez à côté d’une grande partie de l’exposition.
Remonter la piste de bobsleigh de 1984
Avant la guerre, il y a eux les Jeux Olympiques d’Hiver, en 1984. Il n’en reste plus beaucoup de traces mais l’une d’elle est encore là, envahie de plantes et de graffitis: la piste de bobsleigh et de luge. Elle se trouve en haut de la montagne au sud de la vieille ville. Il est possible de prendre le téléphérique pour 10€ aller-retour. J’ai personnellement préféré marcher, cela m’a pris une heure pour arriver à la fin de la piste, que j’ai remonté à pied. En haut vous aurez droit à de belles vues sur la ville et des vendeurs proposent diverses boissons et snacks. Ne ratez pas le point de vue qui se trouve un peu à l’est du téléphérique car il est bien dégagé.
Explorer différents lieux abandonnés
La ville et les environs sont pleins de bâtiments abandonnés. La plupart sont en accès libre. J’ai apprécié l’ancienne maison de retraite près de l’arrêt de tram Avez et les bâtiments près de l’université. Faites tout de même attention et évitez d’y allez seul.
Où boire un café bosnien à Sarajevo?
Le café bosnien (turque en fait) est tout un rituel à suivre. C’est un peu comme boire un thé au Japon. Pour apprendre à boire le café bosnien, je vous conseille de passer chez Dzirlo, rue Kovaci qui part de la place aux pigeons. Le lieu a quelque chose de magique et chaleureux, on s’y sent tout de suite bien. Le café, que vous pourrez apprendre à boire, et les thés sont excellents. Les gérants sont adorables, n’hésitez pas à engager la conversation.
Où boire un verre à Sarajevo?
Sarajevo est une ville qui bouge et les lieux où sortir sont nombreux. Je ne peux malheureusement en recommander que deux. Tout d’abord, Goldfish (Zlatna Ribica), un tout petit bar à la décoration incroyable et aux prix doux. Il est situé rue Kaptol dans le centre ville.
L’autre lieu est plutôt une fête organisée tous les lundis à partir de 21h dans un ancien cinéma. Ça s’appelle Kino Bosna, c’est un grand rassemblement de jeunes qui viennent boire, fumer (oui, on fume dans les lieux publics en Bosnie) et écouter de la musique locale, entouré de vieilles affiches de cinéma. Inmanquable.
Où manger vegan à Sarajevo?
Comme la plupart des pays des Balkans, le veganisme en est à ses balbutiements. Le mot vegan était inconnu il y a encore 5 ans. Influence moyen-orientale oblige, on trouve dans le vieux centre un excellent restaurant végétarien, essentiellement vegan, spécialisé dans le falafel et autres délices à base de pois chiches, aubergines et persil: il s’appelle tout simplement Falafel.
Il y a aussi un restaurant vegan à Sarajevo, certes loin du centre, mais tellement unique qu’il ne vous faut vraiment pas passer à côté, Zdravo. Etrangement situé au pied d’un HLM, sa décoration minimaliste et lumineuse invite à y rester des heures. Au lieu de proposer un millier de plats, n’en sont proposés que quelqu’uns, tous maîtrisés et réussis. La cuisine est essentiellement cru mais pas seulement. En plus c’est pas cher! Pour vous y rendre, prenez le tram jusqu’à Alipasin Most.
J’espère que ces quelques conseils et photos vous donneront envie de découvrir cette ville extraordinaire et unique! Sarajevo à un charme fou, c’est vraiment pour moi LA destination 2020 pour un weekend ou une courte semaine.
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